LE MARCOTTAGE

I1 arrive fréquemment, dans les jardins ou en forêt, que de grands arbres présentent des branches particulièrement belles, très harmonieuses, qui constitueraient des bonsaï idéaux à la condition, naturellement, qu'elles soient porteuses de racines qui permettent leur transplantation. Le bouturage n'est pas recommandé dans ce cas car, sauf très rare exception, des branches àgées sont incapables de s'enraciner dans ces conditions. C'est alors que vous devez recourir au marcottage.

Il est assez aisé de marcotter des branches d'un diamètre inférieur ou égal à 5 ou 6cm. Au-delà, les chances de réussite sont minimes. Au japon, cependant, des maîtres qui ont le gotit de la difficulté pratiquent des marcottages sur des branches très àgées et épaisses de 10, 15 et même 20 cm!

Retenez que les arbres feuillus s'enracinent toujours le plus vite, soit entre trois et six mois, alors que les conifères peuvent mettre de un à deux ans avant de se décider à émettre des racines en quantité suffisante.

Pour des raisons de chimie interne propre aux arbres, c'est au moment de leur pleine sève, c'est-à-dire au printemps (avril), qu'ils se prêtent le mieux à cette opération.

Pour les arbres feuillus, la meilleure technique est l'incision annulaire. A l'aide d'un greffoir ou d'une lame bien tranchante, pratiquez deux incisions circulaires dans l'écorce de l'arbre, distantes d'une hauteur égale à l'épaisseur de la branche (soit 1 cm d'écart pour une branche de 1 cm de diamètre, 2 cm pour une branche de 2 cm, etc). Pour assurer une bonne répartition des futures racines autour du tronc, donc un bon chevelu, posez au centre de cette décortication un fil d'aluminium que vous serrerez très fort.

Dès que le plastique est tapissé de racines, sciez la branche. Coupez à l'aide d'un bon sécateur ou de pinces spéciales la partie du nouveau tronc située sous les racines et devenue inutile, puis mettez l'arbre en pot, avec beaucoup de précautions pour ne pas abîmer les racines toutes neuves. Attendez une bonne année avant de commencer la moindre opération sur votre nouveau pensionnaire.

Dans tous les cas, ne soyez pas impatient et ne commettez surtout pas l'erreur, commune à beaucoup de débutants, de couper la moindre branche dès l'apparition des premières racines. Insuffisamment alimenté, votre bonsaf serait alors condamné à une mort certaine.

Pour les conifères, mieux vaut garrotter le tronc au niveau souhaité à l'aide d'un fil de cuivre, sans pratiquer aucune incision. Vous veillerez à choisir un fil d'autant plus fort que le tronc est plus épais.

Pour les conifères comme pour les arbres feuillus, vous compléterez l'opération en disposant autour du garrot ou de la plaie un mélange de trois quarts de mousse ou de sphagnum et de un quart de tourbe blonde, le tout maintenu humide (une grosse poignée de ce mélange suffit). Vous envelopperez ce manchon dans une feuille de plastique transparent. Il ne vous restera plus ensuite qu'à attendre.

Certaines essences tels les pins, la glycine, etc. peuvent être marcottées en terre, à condition, bien entendu, que les branches soient suffisamment près du sol pour s'y prêter.

Pratiquez, au niveau choisi, une ou deux incisions en onglet, que vous maintiendrez à l'aide d'une cale (allumette, gravier, etc). Placez la branche en terre et maintenez-la à l'aide d'un crochet métallique ou d'une pierre.

Attendez l'apparition des racines avant de couper.

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