LE GREFFAGE

Le greffage consiste à réunir deux plantes différentes pour en former une nouvelle, apte à se dévelopider seule. En règle générale, les caractères de l'une et l'autre plantes se complètent : l'une est retenue pour son intérêt esthétique et donnera les greffons; l'autre pour sa vigueur et sa facilité de culture et de multiplication : c'est le porte-greffe.

Ce phénomène voit ses applications se pratiquer régulièrement pour les rosiers, par exemple, ainsi que pour quantité d'arbres et arbustes ornementaux ou fruitiers.

En matière de bonsaï, on greffe très régulièrement le Pinus pentaphylla, espèce à feuillage bleuté, sur le pin noir de Thunberg, le premier étant de croissance très lente alors que le second est très vigoureux.

Le greffage permet également de multiplier une très belle variété d'érable japonais, 'Deshojio', au feuillage printanier rouge et qui ne peut se bouturer.

Outre ces avantages, le greffage permet également de rectifier la silhouette jugée imparfaite de certains exemplaires en y adjoignant, aux points choisis, des branches ou des racines de la même espèce. Toute médaille ayant son revers, il nous faut parler des inconvénients du greffage. Le principal est son aspect souvent disgracieux que lui reprochent avec raison les amateurs. Il faut reconnaître que, dans. le " tout-venant " des bonsai importés, certains sujets présentent des bourrelets de greffe très évidents du plus vilain effet. C'est qu'il s'agit là de sujets greffés à la va-vite. Il est très possible en effet de rendre une greffe sinon invisible, du moins très discrète. L'ideal est de greffer au niveau du sol ou, mieux encore, de façon que la première branche de l'arbre masque le point de greffe.

Certaines espèces posent un casse-tète à l'amateur. Tel est le cas du Pinus pentaphylla greffé sur pin de Thunberg. Le premier possède en effet une écorce grise et presque lisse alors que-le second a une écorce noire, très crevassée. Rendre la greffe discrète dans ces conditions relève du tour de force ! Mais c'est là, heureusement, un cas extrême.

Il existe quatre types de greffage utilisables dans l'art du bonsai : la greffe latérale, la greffe en couronne, la greffe en écusson et la greffe par approche.

Avant d'aborder ces techniques, nous devons vous mettre en garde. Pour rapides et spectaculaires que soient les résultats obtenus, en effet, nous croyons utile de vous rappeler que la greffe, quelle qu'elle soit, requiert un tour de main certain, surtout dans le cas du bonsai où, nous l'avons vu, elle doit être parfaitement discrète. Attendez-vous donc, les premiers temps, à des échecs. Ne vous découragez pas pour autant. Nous vous conseillons de vous faire la main sur un matériel peu coùteux et vous verrez en une ou deux saisons votre habileté atteindre celle des professionnels.

 

LA GREFFE LATERALE

Elle est principalement utilisée pour l'obtention de diverses espèces et variétés de pins. Elle se pratique alors au printemps. Il s'agit d'insérer une pousse, de 5 à 7 cm de long, du conifère que l'on souhaite obtenir dans une entaille en onglet pratiquée dans le tronc du porte-greffe. Le diamètre de ce dernier ne doit pas être supérieur de plus de la moitié à celui du greffon.

Prélevez votre greffon dont vous taillerez la base en biseau à l'aide du greffoir. Incisez ensuite le porte-greffe. Pour y parvenir plus facilement, courbez ce dernier fortement. Vous avez intérêt à agir le plus près possible des racines. Incisez votre greffon, liez au raphia et couvrez de mastic à greffer ou de paraffine. Placez ensuite le tout sous chàssis ombré ou en serre froide. Au printemps suivant, quand le greffon développe une nouvelle pousse, vous pourrez couper le porte-greffe audessus du point de greffe.

Pour une reprise sùre, le greffon ne doit pas attendre plus de quelques minutes entre son prélèvement et sa mise en place. Si vous devez en faire beaucoup à la fois, prélevez des greffons un peu trop longs et conservez-les dans une boite en plastique emplie de sable humide. Ils peuvent ainsi attendre plusieurs heures. Vous les " retravaillerez " au dernier moment.

 

LA GREFFE EN COURONNE

Elle est beaucoup utilisée pour la multiplication des arbres feuillus, pour greffer une branche femelle d'Ilex serr@ata sur un pied màle (dans ce dernier cas, la greffe est appliquée non sur le tronc mais sur une grosse branche du porte-greffe), etc. Pour la réussir vous agirez au premier printemps (mars), avant le démarrage de la végétation. Choisissez un porte-greffe au tronc assez fort que vous couperez à 3 à 4 cm au-dessus du sol. Dans le tronc restant, pratiquez des fentes verticales (en général de trois à cinq pour recevoir autant de greffons) de 2 à 3 cm de haut en incisant seulement l'écorce. Ecartez celle-ci pour introduire le greffon porteur de quelques bourgeons et dont vous aurez taillé la base en sifflet. Une fois tous les greffons en place, serrez vigoureusement à l'aide de raphia et mastiquez le tout.

Il est plus pratique de travailler sur un porte-greffe sorti de terre et posé sur une table. Une fois l'opération terminée, vous le rempoterez et veillerez à en éliminer tous les rejets éventuels qui se développeraient alors au détriment des greffons.

 

LA GREFFE EN ECUSSON

Elle est principalement utilisée sur les arbres à fleurs ou à fruits pour obtenir des espèces ou variétés particulièrement décoratives comme c'est le cas des pêchers, abricotiers, rosiers, etc.

Cette greffe permet également l'implantation, dans un arbre déjà formé, d'une variété bonne pollinisatrice de l'ensemble ou, pour des arbres de sexes séparés, de regrouper les deux sexes sur un même plant. Enfin, l'implantation à l'endroit judicieux permet de faire apparaître sur un arbre déséquilibré la ou les branches qui lui font défaut. Cette opération a lieu en été Juillet-aoùt).

Le prélèvement du bourgeon désiré demande un peu de pratique. Vous en raterez obligatoirement un certain nombre. Aussi, n'hésitez pas à vous entraîner sur des arbres sans valeur. Nous vous recommandons pour cette opération d'utiliser une serpette à greffer, instrument qui, à notre avis, donne les meilleurs résultats. Il vous faudra alors " lever " un lambeau d'écorce d'un bourgeon dormant, situé à. la base d'une feuille. Pour éviter qu'il ne se dessèche, mettez-le en place immédiatement. A défaut, pratiquez le truc des vieux greffeurs qui gardent les " yeux "... dans leur bouche !

Sur le porte-greffe, pratiquez une incision en " T ". Levez les lèvres de l'écorce et insérez l'oeil en supprimant éventuellement le morceau d'écorce situé juste audessus. Coupez la feuille accompagnant le bourgeon, mais laissez un morceau de pétiole. Ligaturez le tout au raphia en faisant en sorte que le bourgeon reste apparent.

Si, au bout de quelques jours, le pétiole jaunit et tombe, la greffe a pris. Si, au contraire, il reste vert puis sèche sur place, il vous faudra recommencer.

 

LA GREFFE PAR APPROCHE

Elle se distingue de toutes les autres formes de greffe en ce que les deux arbres conservent leurs racines jusqu'à la reprise. De plus, ils appartiennent tous deux, du moins pour les bonsai, à la même espèce. Cette technique est surtout utilisée à des fins de chirurgie esthétique, afin de parfaire la silhouette d'un sujet.

Vous disposez d'un bonsaï auquel il manque une branche ? Pour y remédier, procurez-vous un jeune plant, bien vigoureux, de la même espèce que le bonsaï. Il ddit être cultivé en pot et se présenter sous forme de. scion. Pratiquez dans le tronc du bonsai à corriger un trou de l'épaisseur du tronc du jeune plant, dans l'axe que vous souhaitez donner à la future branche. Vous pouvez vous aider d'une gouge ou d'un greffoir dont vous aurez auparavant passé le fil à l'alcool. Il suffit d'introduire le jeune arbre et de l'appliquer de façon que les écorces soient en contact étroit.

Fixez la tige du jeune plant à l'aide d'une pointe et mastiquez le tout. La reprise est efficace au bout de deux à trois ans et le bourrelet de greffe aura disparu trois ou quatre ans plus tard.

Le jeune plant, dans cette technique, peut être remplacé par une branche de l'arbre même dont on veut corriger la silhouette.

Prévoyez cette opération un à deux ans à l'avance pendant lesquels vous laisserez se développer, sans la tailler, une des branches basses. Le moment venu, vous n'aurez qu'à l'incurver pour l'implanter à l'endroit souhaité.

Une variante très spectaculaire de cette technique est actuellement à l'honneur au japon. Si les résultats sont remarquables, les risques en sont élevés. Il vous faudra, plus que jamais, travailler avec des instruments parfaitement propres et si possible stérilisés.

Le principe consiste à percer carrément à travers le tronc du bonsaï un trou de la taille d'un crayon pour y insérer un jeune plant.

Vous ne conserverez sur celui-ci que quelques feuilles de la tète et vous les roulerez serré dans une feuille de plastique, afin qu'elles passent sans peine. Il est toujours plus sage de préparer ainsi quatre ou cinq jeunes plants avant de percer le trou, pour être sùr d'en avoir un qui s'y adapte parfaitement.

Ensuite, passez ce jeune sujet dans le trou puis tirez jusqu'à ce qu'il s'y coince, évitant ainsi les poches d'air . Mastiquez soigneusement. La reprise est parfaite au bout de deux ou trois ans et ne laisse aucune trace. L'effet est quasi immédiat s'il s'agit d'une racine que l'on veut implanter (le principe est le même). L'avantage de cette technique, outre sa discrétion, est qu'elle permet de faire apparaître une branche déjà àgée en quelques minutes.

Nous croyons utile, pour toutes ces techniques, d'insister sur l'importance du mastiquage, trop souvent négligé, ainsi que sur la qualité du mastic employé. Il existe des mastics clairs, fluides, absolument parfaits. A défaut, des mastics à greffer classiques feront l'affaire. Mais proscrivez absolument les mastics bitumineux (certains sont présentés en bombe) dont il est impossible de se débarrasser par la suite.

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